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Progrès ou recul social après 17 ans de participation socialiste ?

Notre présence au gouvernement permet de limiter la casse sociale, affirment souvent les dirigeants socialistes. Ils sont au pouvoir depuis 1988. Ont-ils limité les dégâts? Rétrospective...

1989 · La loi sur la compétitivité. En 1988, la compétitivité est un point central de l'accord du nouveau gouvernement chrétiens-socialistes. Il débouche dès 1989 sur la Loi de sauvegarde de la compétitivité, qui vise à bloquer les salaires.

1992 · Le plan Moureaux contre les soins de santé. Le ministre Moureaux (PS) lance un plan pour réaliser «l'assainissement structurel» de l'assurance-maladie. Il impose un système d'enveloppe pour limiter les dépenses et augmente de 10% la part à payer par les patients pour les médicaments.

1993· L'index santé. Malgré l'opposition des syndicats, le gouvernement impose le «Plan Global». Celui-ci introduit l'index santé: l'indexation des salaires ne tient plus compte des augmentations de prix des carburants et du tabac, qui pèsent pourtant lourdement dans le budget des ménages. En particulier à chaque flambée des cours du pétrole.

1993 · Les réductions de charges dites patronales. Le «Plan global» généralise à toute l'industrie les réductions de charges jusqu'alors limitée à certains secteurs. En 1993, leur montant s'élève à 0,75 milliard d'euros. Elles ne vont cesser d'augmenter pour dépasser aujourd'hui les 5 milliards d'euros. Il s'agit d'un gigantesque vol du salaire indirect des travailleurs.

1993 · Le développement des emplois précaires. Le «Plan global» modifie la législation du travail en vue d'une plus grande flexibilité des statuts et contrats. Il augmente notamment le nombre successif de contrats temporaires qu'un patron peut imposer à un salarié sans l'engager définitivement.

1993 · Le début des privatisations. La vente de la banque et des assurances CGER à Fortis marque le début des privatisations (voir tableau). Aujourd'hui, Fortis gagne sur un jour l'équivalent de ce que le gouvernement a prévu pour augmenter les allocations sociales durant toute l'année 2006.

1993-1994 · Le plan Anselme contre les patients. En 1993, le ministre Anselme (PS) introduit un prix d'entrée pour toute hospitalisation. En 1994, il impose une augmentation de 50% du ticket modérateur des consultations médicales.

1994 · La contribution complémentaire de crise. De 1994 à 2003, le gouvernement applique la CCC, un acte de terrorisme fiscal qui fait dix millions de victimes: les impôts sont augmentés de 3%.

1996 · Le plan Onkelinx contre l'école. De fin février à début mai, la ministre Onkelinx (PS) affronte le plus long mouvement de grève de l'enseignement pour pouvoir supprimer 3.000 emplois. En 1992, son prédécesseur Di Rupo (PS) avait déjà liquidé 1.600 emplois.

1996 · La norme salariale. La loi de 1996 sur la compétitivité introduit la «norme salariale». Principe: les salaires belges ne peuvent augmenter plus vite que dans trois pays voisins. Comme ces pays appliquent la même logique, cela permet aux patronats belge, allemand, français et néerlandais d'imposer une modération salariale sans frontière.

1996 · Colla allonge l'âge de pension des femmes. Le plan du ministre Colla (SP.a) porte de 60 à 65 ans l'âge de pension des femmes. Notons que depuis 1988, tous les ministres des Pensions sont socialistes: Willockx, Colla, Vandenbroucke, Tobback. Et aujourd'hui, un quart des pensionnés vit sous le seuil de pauvreté.

2001 ·Les baisses d'impôts sur les hauts salaires. Le gouvernement réduit les taux d'imposition sur les tranches de revenu les plus élevées. Pour un cadre gagnant le salaire d'un ministre (200.000 euros brut par an), le gain annuel est de 6.700 euros.

2002 · Réduction du taux d'impôt des sociétés. Le gouvernement réduit de 40à 33% le taux d'imposition des sociétés.

2002 · Vandenbroucke attaque les malades. Le ministre Vandenbroucke (SP.a) réduit fortement les remboursements sur les séances de kiné. Et il fait payer directement les patients qui se rendent aux urgences. Par contre, il fait un immense cadeau à la multinationale MSD en lui offrant des conditions privilégiées de remboursement pour son anticholestérol Zocor.

2004· Le gouvernement amnistie les fraudeurs et chasse les chômeurs. Alors que le ministre Reynders amnistie les fraudeurs, son collègue Vandenbroucke met en place un système de sanctions contre les chômeurs qui refusent n'importe quel sous-emploi. Aujourd'hui, un chômeur sur dix est sanctionné. Et cela a pour effet de tirer vers le bas les salaires et conditions de travail de l'ensemble des travailleurs.

2005· Le faux modèle kiwi de Demotte. Le ministre Demotte (PS) disait vouloir appliquer le modèle kiwi du Dr Van Duppen (PTB): un appel d'offres public permettant de réduire le prix des médicaments pour la sécu et de les rendre gratuits pour les patients. A l'arrivée, la loi santé de Demotte a l'effet inverse: elle augmente le prix à payer par le patient.

2005 · Nouvelle réduction de l'impôt des sociétés. Le gouvernement fait voter les intérêts notionnels: à partir de 2006, les entreprises pourront déduire un intérêt... fictif. Cette mesure aura pour effet de réduire de 33 à 26% le taux d'imposition des sociétés.

2005· L'attaque contre les prépensions. Dès début 2004, les ministres SP.a Vandenbroucke et Vande Lanotte annoncent un profonde réforme des fins de carrière. Le plan du gouvernement se concrétise en 2005: il allonge l'âge et la carrière pour avoir droit à la prépension. Cela laisserait encore plus de jeunes au chômage. Mais plus il y a de chômeurs, plus les patrons sont en position de force pour imposer leurs conditions d'embauche.


Toutes les privatisations ont été menées avec (et souvent par) les socialistes

  • 1993 CGER

  • 1994 SNI (Distrigaz)

  • 1995 Belgacom

  • 1995 Sabena

  • 1995 SNCI (crédit industrie)

  • 1995 Inca (Crédit agricole)

  • 1996 Crédit communal

  • 1998 OCCH (crédit hypothécaire)

  • 1998 Cockerill Sambre

  • 2004 Biac (aéroport Zaventem)

  • 2005 Poste


Voici des mesures vraiment sociales

Mesures qu'il aurait fallu prendre

Le gouvernement a fait l'inverse

Embaucher des jeunes en donnant du repos aux âgés Le gouvernement attaque les prépensions et accorde aux patrons des cadeaux qui n'ont pas créé d'emploi.
Rendre gratuits les soins de santé Les ministres socialistes ont fortement augmenté la part à payer par le patient (elle a été multipliée par quatre)
Taxer les grosses fortunes Le gouvernement a accordé des amnisties aux fraudeurs
Investir dans l'enseignement Les ministres socialistes ont sabré dans l'enseignement. Il est aujourd'hui totalement sous-financé et dans un piteux état
Augmenter les salaires Le gouvernement a imposé une norme salariale qui cadenasse les augmentations
Développer les services publics Pratiquement toutes les privatisations ont été menées par des coalitions à participation socialiste
Augmenter les allocations sociales Le niveau des allocations sociales par rapport aux salaires n'a jamais été aussi bas qu'aujourd'hui.
Développer les logements sociaux Le plus gros scandale des logements sociaux, c'est que leur nombre est ridiculement bas et leur état honteusement délabré

Marco Van Hees
Publié dans Solidaire le 7 décembre 2005

09.09.2008. 18:49

 

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