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Accueil · Finance · L'Etat belge a injecté 20,4 milliards d'euros dans les banques L'Etat belge a injecté 20,4 milliards d'euros dans les banques
De quelle manière l'Etat est intervenu pour aider Fortis, Dexia, Ethias et
KBC ? Qui va en profiter ? Et qui va payer ?
Ce qui a été fait
Les autorités belges ont fait trois choses :
1. Elles ont mis en tout 20,4 milliards € dans le capital
de Fortis, Dexia, Ethias et KBC (en plus de l'intervention de la France, des
Pays-Bas et du Luxembourg). Pour renforcer l'assise financière de ces groupes.
2. Elles ont revendu une partie importante de Fortis à BNP
Paribas.
3. Elles ont offert pendant un an la garantie de l'Etat sur
les prêts entre banques.
Qui gagne, qui perd ?
La population. Les 20,4 milliards €, l'Etat les a
empruntés. Le remboursement est évidemment à charge de la population. Pour
établir son budget 2009, le gouvernement a ainsi prévu 240 millions €
d'intérêts à payer. Mais si on prend un remboursement en 20 ans de 20,4
milliards € à un taux d'intérêt de 3 %, cela représente, capital +
intérêts : 1,37 milliard par an. Soit, par ménage : 342 € par an, 6 850 €
sur les vingt ans.
Si cet argent servait à créer une banque publique au
service des gens, on pourrait accepter un tel coût. Mais c'est tout le
contraire. L'Etat a mis 11,9 milliards dans Fortis pour la céder à BNP
Paribas. Il a mis 3,5 milliards dans KBC contre des actions sans droit de vote.
Quant à Dexia et Ethias, même si leur capital est majoritairement aux mains de
l'Etat, elles vont, elles aussi, être gérées comme des groupes privés
assoiffés de profit. Jusqu'à la prochaine crise…
BNP Paribas. Cette partenaire d'Albert Frère est la
grande gagnante de l'opération Fortis. Elle bénéficie des plus beaux morceaux
du groupe : 100 % de Fortis Assurance Belgique et 75 % de Fortis Banque (elle ne
prend, par contre, que 10 % des actifs " toxiques "). Pour ce rachat,
BNP Paribas débourse à peine 14,5 milliards €. Ce n'est même pas le
bénéfice réalisé par Fortis ces quatre dernières années.
Les communes. De nombreuses communes avaient déjà de
sérieux soucis financiers. Avec la crise bancaire, ils vont encore fameusement
s'aggraver. Les communes avaient 17 % du capital de Dexia. Avec la prise de
capital de l'Etat, elles n'ont plus que 14 %. Mais surtout, Dexia a déjà
annoncé qu'elle ne verserait pas de dividendes sur les (mauvais) résultats de
cette année. Cela prive les communes de rentrées cruciales. A cause des
investissements à risque que Dexia a mené dans sa chasse au profit. Selon Paul
Furlan, président de l'Union des Villes et des Communes de Wallonie, jamais
l'ancien Crédit communal (ancêtre de Dexia avant privatisation) n'aurait
réalisé pareils investissements à risque.
Les petits actionnaires. L'essentiel du capital de
Fortis était détenu par de petits actionnaires. Ils se sont fait rouler par
l'Etat, au profit de la BNP Paribas. Celle-ci ayant pris les beaux morceaux, les
actions Fortis cotées en Bourse représentent désormais la propriété d'une
coquille presque vide : ne restent que Fortis Assurances International et 66 %
des actifs toxiques. C'est pourquoi l'action est en dessous d'un euro. Pour un
actionnaire qui l'aurait achetée quand elle était au-dessus de 30 euros…
Les grands actionnaires. Certains grands actionnaires
de Fortis ont perdu d'importantes sommes (Lippens, Boël…), mais ils gardent
des fortunes chiffrant en centaines de millions d'euros. D'autres, comme Bois
Sauvage (famille Paquot) avaient revendu à temps une partie de leurs actions
Fortis. Tiens donc… Idem pour certains Fonds de placement, comme celui d'ING
(même si, au même moment, les conseillers en placement d'ING suggéraient à
leurs clients… d'acheter des actions Fortis).
Le personnel des banques. Avec la crise, la menace
pèse sur le personnel de toutes les banques, mais particulièrement sur celui
de Fortis : BNP Paribas compte réaliser une économie de 500 millions € par
an grâce aux synergies. En clair : en liquidant du personnel. Par ailleurs, le
personnel de Fortis avait été encouragé à acheter des actions de
l'entreprise. Qui ne valent plus rien…
Les parachutistes dorés. Même quand le bateau coule,
il y a de mauvais capitaines qui s'en sortent bien. L'ancien administrateur
délégué de Fortis, Jean-Paul Votron a été remercié en touchant un
parachute doré de 1,35 millions €. Mais son ancien bras droit, Gilbert
Mittler, a carrément palpé 4 millions €. Tout en revenant par la porte de
service avec le titre de " conseiller spécial ".
Marco Van Hees
Publié dans Solidaire le 28-10-2008.
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