Accueil · Fortunes · de Saxe Cobourg · Une famille royale proche et soucieuse du peuple : info ou intox ? Une famille royale proche et soucieuse du peuple : info ou intox ?Il était une fois un prince beau et
fier qui, au jeu de paume s’adonnant, fut touché par le sourire d’une
belle. Leur bonheur illumina le royaume entier. Leur simplicité ravit les plus
humbles. Il est seulement une ou deux questions qui tourmentèrent quelques
quidams…
1. Le cou du Roy
– Cornedeboeuf! Ne vous est-il point
grand-peine d’entendre le pourquoi de cette étrangeté: après la révolution
de 1789, nous tranchâmes le cou des têtes couronnées alors que nous tenons
meshui les roys et les princes en haute estime, les complimentant de mille révérences,
qui pour sa mise en ménage, qui pour sa mise en bière…
– Mafé! Serait-ce que leur sang royal en
font des sujets de Dieu hors du commun, dotés d’un esprit et d’une
clairvoyance propres à en faire des chefs d’Etat?
– Maugré l’humble respect que je dois
à sa haute personne, je dirais que l’œil vif et le regard profond de
Monsieur le Prince Philippe de Belgique ne peuvent tout à plein corroborer ce
docte profil.
– Se peut, alors, que le trône forme le
noble mortier préservant l’unité de ce pays en proie aux déchirements que
l’on sait…
– Je ne puis tout de gob porter crédit
à cette commune et courante allégation. Car si notre bon Roy avait un réel
pouvoir en ces questions, n’eut-il point empêché lesdits déchirements eux-mêmes?
– Oui-da. Mais si tant est, ouïrais-je
à la parfin le fond de votre pensée…
– Il m’est d’avis que si, naguère,
les nobles et les bourgeois formèrent deux classes aux intérêts méchamment
opposés, ce qui fit que des têtes quittèrent des cous, cette époque est
meshui révolue. La haute noblesse de ce royaume, qui ne déprise plus le négoce,
a tout à plein gagné les rangs de la grande bourgeoisie pour ne former plus
avec elle qu’une seule et même classe.
– Diantre! Ne voilà-t-il pas que vous
comparez notre Roy à un vil bourgeois!
– Le fait est constant. Et pour vous le
dire de bec à bec, notre monarque Albert II mérite bien d’être le deuxième
du (pré)nom car avec une fortune de 82 milliards de francs, il a énormément
mais point tant de pécunes que le petit baron mais grand bourgeois Albert Frère,
dont la cassette atteint 88 milliards
?
– Si je vous entends bien, désormais Roy
et Princes ne font qu’un avec tous les gens de ce pays?
– Nenni, il reste cette autre classe: le
peuple.
2. Le coût du Prince
– Ah oui, le peuple… Ces pauvres gueux
secourus par les bonnes œuvres royales.
– Vous n’êtes point sans vous
ramentevoir qu’il y a aussi, qu’il y a surtout, les bonnes œuvres du peuple
envers la famille royale… Vos vêtures et pourpoints, vos bûches de chauffage
et chandelles, vos viandes et vos vins, vos frais de réceptions et de voyages,
les gages de vos gens de maison… Grevez-vous toutes ces charges sur votre
propre cassette ?
– Pardi, qui donc les payerait à ma
place?
– Eh bien, pour supporter ces menus
frais, notre bon Roy reçoit du peuple une ‘liste civile’ de 244 millions.
Ce montant est indexé comme les salaires du petit peuple, mais contrairement à
ceux-ci, il n’est pas soumis à impôt. Une dotation est également attribuée
à la reine Fabiola pour 49 millions et à la princesse Lilian de Réthy
pour 15,4 millions. Celle du Prince Philippe devrait être doublée pour
atteindre 31,8 millions et la princesse Astrid se verrait accorder 11 millions.
– Peux-je quérir de vous d’en finir
avec cette gigue des millions?
– Il ne se peut pourtant que je reste
muet comme carpe s’agissant de la superbe noce de Philippe, pour laquelle le
peuple est intervenu à hauteur de 39 millions, en ce non compris le petit présent
de 10 millions offert aux jeunes mariés.
– C’est que le protocole impose au Roy
et à ses proches de ne point avoir d’(autres) activités lucratives.
– Certes. Oyez toutefois qu’en confiant
sa fortune de 82 milliards à un banquier qui lui baillerait un intérêt de 10%
l’an, sa Majesté Albert alourdit ses coffres de 22 millions par jour.
3. Le coup de la princesse
– Je vous en conjure, mon ami, laissons-là
ces basses considérations. Il me plairait d’ouïr votre sentiment à l’égard
de notre belle Mathilde.
– Pour sûr, elle a gagné le cœur de
tous en un tournemain. Si bien que son mariage n’est pas juteux que pour le
roide Philippe. Ebloui par de tant séduisants atouts, le peuple en oublierait
presque son triste sort. Et les puissants du royaume seraient bien aise que les
bains de foules princiers remplacent tant se peut les jacqueries.
– Mais la princesse n’a-t-elle point un
sourire et une grâce qui laissent entrevoir une grande bonté d’âme et un réel
souci pour ses sujets?
– Tout comme son estimé père a un réel
soucis de préserver la coquette fortune familiale des ponctions du collecteur
d’impôts. Le bon Patrick d’Udekem d’Acoz clame que sa société Couthove
´est une société civile patrimoniale et c’est une façon tout à fait légitime
pour éviter des droits de succession.' Les lois de nos contrées
ne disent rien de tel, mais, diantre, qu’importe. Point n’est besoin de
coucher sur parchemin ce qu’il se doit que chacun sache: l’impôt et la
taille, la corvée et la taxe, la dîme et la gabelle, ce sont autant de privilèges
qu’il faut laisser au bas peuple…
Marco Van Hees
Publié dans Solidaire le 26-01-2000
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