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Toutes les boucheries Renmans du Centre étaient bloquées
aujourd'hui suite à une action syndicale. Fort d'une astreinte obtenue par le
groupe au tribunal de Mons, un huissier et la police ont fait le tour des
piquets en les menaçant d'un montant de 2000 € par infraction.
« Vendredi, c'est le jour du poisson.» C'est ainsi
que les clients des neuf boucheries Renmans de la région du Centre (La
Louvière et environs) ont été accueillis ce matin en allant chercher leurs
chipolatas ou leur colis pitta, des drapeaux et des militants syndicaux barrant
l'entrée. Cette action syndicale du Setca fait suite aux licenciements de deux
délégués.
« La direction a bien fait de les licencier, ce qu'ils ont
fait est inacceptable», nous déclare le chef de district à la boucherie
d'Anderlues. Mais quand nous lui demandons ce qu'ils ont fait de tellement
grave, il admet : «Je ne sais pas. »
La supposée faute grave à l'origine de leur licenciement
aurait été d'avoir fait des plaisanteries avec de la marchandise. Si la faute
est avérée, elle n'est certainement pas grave et mériterait tout au plus un
blâme. Mais Renmans, dont la tradition antisyndicale n'est plus à démontrer
(à une époque, la société refusait même d'organiser des élections
sociales) en a profité pour leur donner leur C4.
Des actions syndicales syndicales avaient déjà été
menées au dépôt Renmans de Londerzeel, où travaillent les deux délégués
licenciés, ainsi qu'aux boucheries d’Enghien et de Soignies. Nouvelle étape
ce vendredi, le Setca du Centre - dont dépendent les deux délégués - ayant
donc bloqué toutes les boucheries Renmans de la région.
La direction montoise du groupe a introduit une requête il y
a deux jours et a obtenu du juge (vous voyez que la justice n'est pas si lente)
une astreinte de deux mille euros contre toute personne qui bloquerait l'entrée
des boucheries. Un huissier a fait le tour des piquets, accompagné de sept
policiers, dont un commissaire. Celui-ci a exigé l'identité des délégués,
ce qu'il ne peut faire, légalement, que pour trouble de l'ordre public et en
tout cas pas pour les fournir à l'huissier.
Un seul syndicaliste par piquet a donné son identité et les
policiers ont menacé de revenir voir si le blocage se poursuivait, auquel cas
ils prendraient l'ensemble des identités. En début d'après-midi, cinq piquets
ont été levés : ceux situés sur l'arrondissement judiciaire de Mons,
concernés par l'ordonnance. Mais c'était pour mieux se replier sur les quatre
magasins situés dans l'arrondissement de Charleroi (Binche, Morlanwelz,
Anderlues, Erquelines) sur lequel le juge n'a, semble-t-il, pas de compétence.
Philippe Bertleff, secrétaire régional du Setca Centre, nous confirme la
volonté d'y maintenir les piquets jusqu'à 19 heures.
Les familles Renmans et Bovy représentent la 116e fortune de
Belgique avec un patrimoine de 124 millions d'euros, une somme qui a augmenté
de 99% entre 2000 et 2012. Pour assurer un tel enrichissement, les
Renmans-Bovy intensifient au maximum l'exploitation (une travailleuse nous a
raconté travailler dans le froid sans pouvoir prendre de pause pour se
réchauffer) et multiplient les coups de force en court-circuitant les règles
fondamentales de la concertation sociale.
Marco Van Hees (28/2/2014)
05.03.2014. 09:40 |