|
Accueil · Livres · Livre Boël · Publié dans La Nouvelle Gazette Publié dans La Nouvelle Gazette
Nouvelle Gazette
Riche comme un... Boël
La nouvelle Gazette , 29/09/2006
Le livre du Louviérois Marco Van Hees atterrira en librairie dès ce 2
octobre. Juste avant les élections. Ce qui n'est pas un hasard. L'auteur
(fonctionnaire au ministère des Finances) ne fait d'ailleurs pas mystère de
son appartenance au PTB (Parti du Travail de Belgique). Entretien.
Son plaidoyer en faveur d'un impôt sur les grosses fortunes se retrouve
d'ailleurs en bonne place dans le programme du parti d'extrême-gauche. Vous
voilà donc avertis. D'autant que Pol Boël, toujours conseiller à La Louvière
poussera quant à lui la liste MR le 8 octobre. Revenons à ce livre (que
d'aucuns qualifieront de brûlot), qui nous apprend néanmoins une foule de
choses, parfois dérangeantes, à propos d'une des familles les plus riches du
Royaume...
Riches, les Boël mais lourds d'une dette sociale à l'égard de La
Louvière: c'est là le propos de votre livre. Expliquez-nous ?
Dans la première partie de mon bouquin, je me penche sur l'énorme
patrimoine des Boël, 12e au top 20 des familles les plus riches de Belgique et
dont la fortune est estimée à 818 millions d'EURO. J'explique comment ces
barons de l'acier ont transformé leur projet industriel en empire financier.
Comment ils ont encaissé 25 millions d'EURO en 2006 rien qu'en
dividendes.
L'importance et l'étendue des liens matrimoniaux tissés par les Boël avec
de nombreuses familles aussi illustres que fortunées. Il y a même le cas de...
Delphine Boël. Son père n'est pas n'importe qui ! En outre, de génération en
génération, les Boël ont entretenu des rapports étroits avec la sphère
politique et divers autres réseaux d'influence. Autant de stratégies qui ont
permis aux Boël de conforter leur fortune.
Dans la seconde partie de mon livre, j'épingle le contraste saisissant
existant entre cette immense fortune et les besoins économiques et sociaux
d'une région et de ses habitants. La troisième partie est carrément politique
: j'y défends le principe d'un impôt sur les grosses fortunes de 1 % sur le
montant qui dépasse les 500.000 EURO et 2 % au-delà des 750.000 EURO.
Combien rapporterait un tel impôt pour la fortune des Boël ?
D'après nos calculs, on arriverait à un montant de 16,2 millions d'EURO par
an en 2006.
Pour présenter votre livre, vous avez choisi le site en voie de
dépollution de la Safea. Ce n'est pas innocent...
C'est un bel exemple du paradoxe scandaleux que nous voulons dénoncer :
cette grande famille libérale qui pourfend l'interventionnisme excessif de
l'État, a largement profité des deniers publics. Le site Safea - jadis
exploité par Boël pour y fabriquer des engrais azotés et fermé en 1978 -
fait partie des 15 sites les plus pollués de Belgique. Racheté par la Spaque
(donc avec les deniers publics), il est aujourd'hui en voie de réhabilitation
(toujours grâce à l'argent du contribuable). Mais, si on applique le principe
de « pollueur payeur » (auquel chaque citoyen est soumis, lui, en achetant ses
sacs payants) force est de constater qu'au départ, le pollueur, c'est bel et
bien Boël.
Boël a tout de même permis de faire vivre toute une région, des familles
entières. Et généré une foule de retombées positives pour La Louvière ?
Oui, mais il ne faut pas oublier que c'est grâce au travail des ouvriers que
l'usine tournait. Et qu'ils ont fait les frais de la mutation d'un empire
industriel en empire purement financier en se retrouvant brutalement au
chômage...
Quelles ont été vos sources d'information ?
L'examen des comptes annuels des entreprises, les dossiers de Trends
Tendances, les témoignages d'anciens travailleurs, divers documents historiques
et financiers qui ont été publiés (ou non) à propos de Boël... Ceci dit,
aucun livre exclusivement consacré à cette famille (qui cultive volontiers le
secret) n'a - à ma connaissance - été publié.
Martine Pauwels
© La nouvelle Gazette , 29/09/2006
20.06.2008. 17:03
CommentairesNo commenting allowed at this time. No commenting allowed at this time. |