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Marco Van Hees pousse la liste PTB dans le Hainaut

Marco Van Hees pousse la liste PTB dans le Hainau

Pour les élections de ce 9 juin 2024, le député Marco Van Hees «pousse» la liste PTB du Hainaut depuis la dix-septième et dernière place. Aperçu de quelques-uns de ses combats.

«Le poil à gratter de plus d’un ministre des Finances»
Le «cochon truffier» des cadeaux fiscaux aux grandes entreprises

Le «tombeur de Bernard Arnault»
Le «Robin des Bois du Hainaut»
Le «trublion des Finances»
Le «David contre Goliath Reynders»

Les qualificatifs ne manquent pas pour désigner Marco Van Hees, porteur de multiples casquettes dans son parcours : fonctionnaire et syndicaliste au SPF Finances, journaliste, essayiste (six livres publiés), député fédéral. C’est en 2014 qu’il est élu à la Chambre (depuis le Hainaut) avec Raoul Hedebouw (depuis Liège), la première fois de son histoire que le PTB accède au Parlement. Cinq ans plus tard, les deux pionniers seront rejoints par dix autres camarades députés.


Les deux premiers députés fédéraux du PTB,
Marco Van Hees et Raoul Hedebouw à la Chambre

Licencié en sciences politiques de l’Université libre de Bruxelles, Marco Van Hees est spécialisé dans des matières comme la fiscalité, les banques, les grandes fortunes, les liaisons dangereuses entre mondes politique et économique, ou encore la dénonciation des privilèges.

Pour les élections de ce 9 juin 2024, il met son expérience au service de la liste PTB du Hainaut pour la Chambre en «poussant» celle-ci depuis la dix-septième et dernière place.

Au royaume de l’injustice fiscale

Selon Marco Van Hees, l’article 172 de la Constitution belge – «Il ne peut être établi de privilège en matière d'impôts» – est moins respecté que ce vieux précepte de Jean-Baptiste Colbert, grand argentier de Louis XIV : «Sire, taxons les pauvres, ils sont plus nombreux».


Colbert, déjà, soufflait à Louis XIV :
«Sire, taxons les pauvres, ils sont plus nombreux».

La Belgique est un enfer fiscal pour les travailleurs, mais un paradis fiscal pour les grandes fortunes et les multinationales : cette réalité, Marco Van Hees ne se contente pas de la marteler depuis des années, il la démontre également à travers de nombreuses études chiffrées et révélations. Il est ainsi l’auteur du fameux «Top-50 des ristournes fiscales», qui met en lumière les grandes sociétés payant très peu d’impôts, voire pas du tout, hissant le sujet dans l’actualité politique.

Celles-ci profitent en effet d’«armes de détaxation massive» qu’il décrit en détail dans des ouvrages comme Didier Reynders, l'Homme qui parle à l'oreille des riches (prix Gros Sel 2008), Tout ce que vous n'auriez jamais dû savoir sur les intérêts notionnels ou Les riches aussi ont le droit de payer des impôts.

Lorsqu’on apprend que le milliardaire français Bernard Arnault (homme le plus riche du monde en 2023) demande la nationalité belge, le «cochon truffier» Van Hees creuse et tombe sur du lourd. D’une part, il dévoile que les sociétés financières du groupe Arnault se sont implantées à Bruxelles pour y profiter à fond du système des intérêts notionnels. D’autre part, il découvre que le grand patron du luxe français a constitué en Belgique une fondation privée pour organiser sa succession. L’affaire prend de telles proportions qu’Arnault retire finalement sa demande de naturalisation. Suite à ces événements, Marco Van Hees apparaîtra dans le film Merci Patron de François Ruffin (plus d’un demi-million d’entrées en salle).


Marco Van Hees et François Ruffin dans le film «Merci Patron».

En 2015, le député rédige la proposition de loi visant à la créer une Taxe des millionnaires, mais c’est dès 2005 qu’il produit une première évaluation des milliards d’euros qu’elle pourrait rapporter chaque année. Il faudra pratiquement vingt ans pour qu’en 2024, le Bureau fédéral du Plan publie finalement ses propres estimations de rendement d’une telle taxe. Marco Van Hees obtiendra en 2021 une audition du fameux économiste français Thomas Piketty à la Chambre, lors de laquelle celui-ci soutiendra la Taxe des millionnaires.


Contre les privilèges, contre Bill Gates, pour les blouses blanches

Le député PTB défend obstinément les services publics contre toute forme de privatisation. En 2018, il découvre ainsi que pour accéder à la base de données fiscale du SPF Finances, il faut désormais obligatoirement s’inscrire à un compte Microsoft. Il interpelle le ministre des Finances, lequel soutient la multinationale de Bill Gates, mais le parlementaire obtiendra finalement gain de cause à l’issue d’une décision de l’Autorité de protections des données, qui ordonnera au SPF Finances de suspendre l'accès à son site au travers d'un compte Microsoft. Une (petite) bataille perdue pour Bill Gates.

Alors que le personnel infirmier défile dans les rues, en octobre 2019, Marco Van Hees dépose et défend un amendement au budget qui crée le «Fonds blouses blanches». Adopté de justesse par la Chambre, ce fonds fournit une manne financière qui permettra de créer plus de 5 000 équivalents temps plein dans le secteur.


Le PTB s'est battu contre les pensions dépassant les plafonds légaux,
notamment celle de Siegfried Bracke (N-VA), ancien président de la Chambre.

À l’inverse, le parlementaire va livrer un incessant combat contre les privilèges que s’octroie le monde politique. Des années avant que le sujet fasse la une de l’actualité, il dénonce déjà les suppléments de pension accordés aux anciens présidents de la Chambre et dépose, en vain, des amendements pour les supprimer. Lorsqu’il apparaît que ces suppléments sont illégaux, Marco Van Hees et la cheffe de groupe PTB Sofie Merckx mènent le combat au sein du Bureau de la Chambre contre toutes les sur-pensions : celles des anciens présidents mais également celles d’autres députés dont la retraite dépasse le plafond légal.

Le député Van Hees va également révéler qu’en plus de leur énorme salaire, de nombreux ministres bénéficient d’un logement de fonction et d’une indemnité de logement. Le beurre et l’argent du beurre. Il interpelle le Premier ministre Alexander De Croo qui le renvoie vers le secrétaire d’État Mathieu Michel, en charge de la Régie des Bâtiments, lequel le renvoie… vers le Premier ministre.

Le gouvernement des banquiers

Les pauvres toujours plus pauvres, les riches toujours plus riches : ce n’est pas un slogan. Marco Van Hees constate qu’ «en 2000, la Belgique comptait une seule famille milliardaire, il y a aujourd’hui 41 familles milliardaires totalisant un patrimoine de plus de 100 milliards d’euros.»

Dans son livre La Fortune des Boël, il prend l’exemple de la ville de La Louvière : des générations d’ouvriers sidérurgistes louviérois ont permis à la famille Boël de devenir la 10e fortune de Belgique avec un patrimoine de 3 milliards d’euros, mais quand la sidérurgie ne rapportait plus assez, les Boël ont fuit l’usine et La Louvière comme des voleurs, laissant une région économiquement sinistrée.

Depuis des années, Marco Van Hees combat l’insupportable politique des banques. «L’État a injecté des milliards pour les sauver de la faillite lors de la crise financière de 2008, mais elles ont aussitôt repris leur chasse au profit maximal, aux dépens des clients, de leur personnel et des finances publiques.» Le député PTB va ainsi introduire plusieurs propositions de loi pour réduire leur toute-puissance : pour empêcher la fermeture des agences et des bancontacts, pour fixer des taux d’intérêt corrects en faveur de la clientèle, pour taxer les surprofits bancaires.


Le gouvernement (Vincent Van Peteghem, Pierre-Yves Dermagne et Alexia Bertrand)
a conclu avec les banques un protocole leur permettant de supprimer 4.000 bancontacts.

À l’inverse, le gouvernement Vivaldi ne prendra aucune mesure contraignante envers les banques. Au contraire, le ministre Van Peteghem (CD&V), le ministre Dermagne (PS) et la secrétaire d’État Bertrand (Open VLD) vont conclure avec les banques un protocole qui leur permet de supprimer 4.000 bancontacts. Faut-il s’en étonner ? Le CD&V est historiquement lié à la banque KBC et la famille d’Alexia Bertrand, 21e fortune de Belgique avec un patrimoine de 1,8 milliards d’euros, est actionnaire principale de deux banques belges : la Banque Van Breda et Delen Private Bank. Ce qui conduira Marco Van Hees à dénoncer «le gouvernement des banquiers».

Une Belgique très peu active contre la corruption

Le parlementaire mène un insatiable combat contre les conflits d’intérêts et la corruption. Suite à l’affaire Kubla (ancien ministre libéral condamné à deux ans de prison avec sursis pour corruption), il rédige la toute première proposition de loi PTB : elle vise à contraindre les mandataires politiques à publier leur patrimoine. L’initiative provoque un tollé en séance plénière de la Chambre.

Marco Van Hees dénoncera les innombrables conflits d’intérêts de la milliardaire Alexia Bertrand en tant que cheffe de cabinet du vice-Premier ministre Didier Reynders, puis comme secrétaire d’État au Budget et à la Défense des consommateurs. Par exemple, chaque fois qu’elle prend le parti les banques, quand elle prône les privatisations (dont AvH, le holding de sa famille, a profité dans le passé), lorsqu’elle s’oppose à la taxation des grandes fortunes, etc. Il interpelle le Premier ministre, mais celui-ci se contente d’indiquer que sa collègue de gouvernement (et de parti) a démissionné du conseil d’administration d’AvH – comme si cette formalité éliminait miraculeusement tout risque de conflits d’intérêts…

C’est le même Alexander De Croo que Marco Van Hees confronte aux rapports du Greco (instance anti-corruption du Conseil de l’Europe), dont les rapports sont assassins pour la Belgique, la grande majorité de ses recommandations étant restées lettre morte. Dans sa réponse, le Premier ministre reconnaît que «le verdict du Greco est sévère», mais il se contente de vagues engagements...


Marco Van Hees découvre dans les cabinets ministériels du gouvernement De Croo
de nombreux collaborateurs issus des multinationales, des banques, des organisations patronales, etc.

Pas étonnant lorsque l’on voit les liaisons dangereuses se nouant entre le monde politique et le milieu des affaires. Marco Van Hees va ainsi radiographier les cabinets ministériels des gouvernements Michel et De Croo et y découvre de nombreux collaborateurs issus des organisations patronales, des cabinets de consultance, des banques, des multinationales de l’énergie ou du médicament, des milieux diamantaires, etc.

Il va même montrer que certaines lois importantes ne sont pas rédigées par le parlement ou le gouvernement, mais directement par les milieux qui en bénéficient. Ainsi, c’est la FEB qui tient la plume pour écrire la loi créant les intérêts notionnels, ce sont les avocats de la multinationale pharma GSK qui tiennent la plume pour écrire la loi introduisant la déduction pour revenus de brevet, c’est PwC qui tient la plume pour écrire la loi inventant les Excess Profit Rulings, c’est le secteur diamantaire qui tient la plume pour écrire la loi élargissant la transaction pénale…

«Certains affirment que les salaires mirobolants des parlementaires et ministres sont un barrage contre la corruption, relève Marco Van Hees. Pourtant, on voit bien que, malgré ces hauts salaires, les affaires de corruptions déferlent du PS jusqu’au Vlaams Belang. Les députés PTB, eux, continuent de vivre avec un salaire moyen de travailleur. Car quand on ne vit pas comme on pense, on finit pas penser comme on vit...»

12.04.2024. 00:08