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Réforme des comptes d'épargne : bonne nouvelle, vous toucherez moins...

Les comptes d’épargne sont soumis à une nouvelle législation depuis ce 1er avril. Désormais, les taux sont plafonnés. Les grandes banques disent merci.

Qu’est-ce qui est plus nombreux que les Belges en Belgique? Les fritkots? Les caricolesde compagnie? Les anciens chefs de cabinet de Reynders? Non, les 18 millions de comptes d’épargne. C’est le placement préféré pour nos (petites) économies, à fortiori aujourd’hui que les placements à risque n’ont plus trop la cote.

Mais combien rapporte vraiment votre compte d’épargne? Entre le taux de base, la prime d’accroissement et la prime de fidélité, il n’était pas évident de s’y retrouver. Depuis ce 1er avril, ce sera plus simple. Mais pas trop tout de même: la prime d’accroissement disparaît, mais pas la prime de fidélité. Une demi-mesure, donc.

Autre changement: le taux est désormais plafonné. C’est soit 3%, soit le taux de refinancement de la Banque centrale européenne si celui-ci est supérieur à 3%. Oui, vous avez bien compris. Au nom de la concurrence, le gouvernement a déplafonné le prix du pain il y a quelques années, mais il plafonne aujourd’hui le prix que les banquiers paient pour votre épargne. Faut bien soutenir leur pouvoir d’achat, les pauvres.

Cette mesure permettra-t-elle de limiter les politiques aventureuses des banques? Bof… Les grandes banques du pays ont toujours été championnes pour offrir des taux rikiki sur les comptes d’épargne, ça n’a pas empêché Fortis de boire la tasse.

Jusqu’ici, certaines petites banques offraient des taux nettement supérieurs, mais les grandes banques continuaient à voguer sur leurs bas taux en misant sur l’effet d’inertie d’une grande partie de la clientèle, qui n’aime pas trop changer d’institution. Mais avec la crise générale de confiance envers les banques, les choses commençaient à changer.

Dans ce contexte, le plafonnement des taux introduits par l’arrêté royal du 7 décembre 2008, «semble taillé sur mesure pour les grandes banques», relève Test-Achats.

Au fait, les banques font leur beurre sur la différence entre le taux de l’épargne et le taux des crédits qu’elles octroient. Comment se fait-il que les premiers sont plafonnés et non les seconds? Pire: la Banque centrale européenne a fortement réduit son taux depuis octobre, afin de favoriser les crédits et donc la relance la relance économique. Mais les banques ont peu répercuté cette baisse sur les taux de leur crédit. Bref, le principal effet de cette mesure est d’augmenter la marge des banques. Chez Fortis, elle a doublé pour certains crédits…

Marco Van Hees
Publié dans Solidaire le 6 avril 2009

05.04.2009. 20:44

 

Commentaires

Manuel Correda 14.04.2009. 10:35

Depuis le début de la saga Fortis , Didier Reynders se présente comme le défenseur des épargnants. Mais il oublie de dire qu’il a profité des congés de fin d’année pour faire passer en catimini une réforme corporatiste et conservatrice du livret d’épargne. En imposant des règles qui rabotent considérablement la rémunération du livret, Reynders a choisi de faire peser sur les épaules des épargnants les excès d'une partie du monde bancaire. Comble de l’ironie, cette réforme voulue par un libéral va tuer toute concurrence sur ce produit, ce qui permettra à quelques grandes banques de verrouiller leur position de leader, au moment même où les petites banques commençaient à s'imposer sur ce segment en proposant des rémunérations beaucoup plus intéressantes. Cette absence de concurrence va naturellement pousser les petites banques à proposer d’autres produits plus rémunérateurs et donc plus risqués pour l’épargnant. Il serait grand temps que le Ministre des Finances défende la libre concurrence et cesse de jouer les porteurs d’eau d’un secteur bancaire qui se vautre dans le corporatisme.

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