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Accueil · Fiscalité · Impôt des sociétés · L’Etat a offert 706 millions € en vingt ans à VW L’Etat a offert 706 millions € en vingt ans à VW706 millions d’euros.
C’est le gigantesque cadeau fiscal que le centre de coordination de VW a reçu
depuis sa création en 1986.
C’est au nom de l’emploi que le gouvernement belge a, en 1982, créé le
régime fiscal des centres de coordination. Il n’a d’ailleurs pas dû en débattre
beaucoup puisque cette incroyable disposition a été imposée par un arrêté
de pouvoirs spéciaux (arrêté royal ayant force de loi sans être voté par le
Parlement).
Un centre de coordination assure diverses fonctions administratives et
surtout financières au sein d’une multinationale. C’est en quelque sorte la
banque du groupe, qui prête de l’argent aux différentes filiales, contre intérêts.
Les bénéfices qu’elle en tire sont presque totalement exonérés d’impôt
en Belgique. Environ 200 multinationales profitent de ce système depuis plus de
vingt ans. Dont VW, qui dès 1986 a créé le Coordination Center Volkswagen à
Bruxelles. Ces cinq dernières années, ce centre a payé un taux d’impôt
moyen de... 0,11 %. Gloups !
L’impôt des travailleurs de VW reversé à...
VW
Nous avons voulu connaître le montant total du cadeau fiscal reçu par le
centre de coordination de 1986 à 2005. Nous avons donc calculé pour chaque année
la somme que ce centre aurait dû payer s’il avait été imposé au taux
normal (voir tableau). Résultat stupéfiant : sur ces vingt années, le
cadeau fiscal atteint un total de 706 millions d’euros (28 milliards de
francs).
Un travailleur ayant un revenu mensuel net de 1.500 euros paye environ 7.000
euros d’impôt par an. Cela signifie que l’impôt annuel payé par 100.000
travailleurs a servi à faire ce cadeau à la multinationale licencieuse. On
comprend qu’il manque d’argent pour l’enseignement ou la santé.
Par an, le cadeau atteint en moyenne 35 millions d’euros. C’est plus ou
moins ce que l’ensemble des travailleurs de VW-Forest payent comme impôt sur
leur salaire. Ce qu’ils versent aux caisses de l’Etat est donc reversé à
la multinationale. Et celle-ci ose dire que la main-d’œuvre est trop chère
en Belgique. Ce qui est sûr, c’est que VW a accumulé assez d’argent pour
maintenir l’emploi.
Le centre de coordination maintenu jusqu’en
2010
La quasi-fermeture de l’usine de Forest signifierait-elle la fin du centre
de coordination ? VW n’a aucune raison de le faire puisque ce centre agit
pour n’importe quelle filiale du groupe, de quelque pays que ce soit. Les bénéfices
réalisés à l’étranger sont donc exonérés en Belgique. Ce qui montre le
ridicule de l’argument de l’emploi.
L’Union européenne a obligé la Belgique à mettre fin au régime, jugé
discriminatoire, des centres de coordination. Le gouvernement a alors inventé
un système tout aussi hallucinant : les intérêts notionnels (déduction
fiscale d’intérêt fictifs), d’application sur les bénéfices 2006 et
suivants. C’est taillé sur mesure pour les centres de coordination, mais les
autres entreprises – surtout les grandes – vont aussi en tirer un
certain avantage.
Les centres de coordination sont agréés pour dix ans. Selon la date à
laquelle leur agrément a été renouvelé par l’Etat, ils préservent
toutefois leurs anciens avantages (non cumulables aux intérêts notionnels,
faut pas pousser) jusqu’au plus tard 2010. C’est sans doute pour cela que le
Coordination Center Volkswagen a été absorbé en 2005 par Vokswagen Group
Services, un autre centre de coordination de VW, aux bénéfices nettement plus
modestes, mais qui lui garde son régime jusque 2010.
Marco Van Hees
Publié dans Solidaire le 06-12-2006
Cadeaux fiscaux reçus par le
Centre de coordination de VW
Année
|
Bénéfice
|
Taux
|
Impôt au taux normal
|
Impôt payé
|
Cadeau
|
1986
|
15.931.869
€
|
45,00%
|
7.169.341
€
|
17.525
€
|
7.151.816
€
|
1987
|
26.688.713
€
|
43,00%
|
11.476.146
€
|
29.358
€
|
11.446.789
€
|
1988
|
33.640.391
€
|
43,00%
|
14.465.368
€
|
37.004
€
|
14.428.364
€
|
1989
|
63.219.790
€
|
43,00%
|
27.184.510
€
|
69.542
€
|
27.114.968
€
|
1990
|
98.032.965
€
|
41,00%
|
40.193.516
€
|
107.836
€
|
40.085.679
€
|
1991
|
119.064.499
€
|
41,00%
|
48.816.445
€
|
130.971
€
|
48.685.474
€
|
1992
|
135.619.325
€
|
41,00%
|
55.603.923
€
|
149.181
€
|
55.454.742
€
|
1993
|
103.505.462
€
|
39,00%
|
40.367.130
€
|
113.856
€
|
40.253.274
€
|
1994
|
92.243.412
€
|
40,33%
|
37.201.768
€
|
101.468
€
|
37.100.300
€
|
1995
|
95.608.814
€
|
40,33%
|
38.559.035
€
|
105.170
€
|
38.453.865
€
|
1996
|
92.111.036
€
|
40,33%
|
37.148.381
€
|
101.322
€
|
37.047.059
€
|
1997
|
98.000.491
€
|
40,33%
|
39.523.598
€
|
107.801
€
|
39.415.797
€
|
1998
|
107.362.438
€
|
40,33%
|
43.299.271
€
|
118.099
€
|
43.181.172
€
|
1999
|
114.602.000
€
|
40,33%
|
46.218.987
€
|
126.062
€
|
46.092.924
€
|
2000
|
137.310.000
€
|
40,33%
|
55.377.123
€
|
151.041
€
|
55.226.082
€
|
2001
|
137.893.000
€
|
40,33%
|
55.612.247
€
|
150.000
€
|
55.462.247
€
|
2002
|
73.208.000
€
|
40,33%
|
29.524.786
€
|
93.000
€
|
29.431.786
€
|
2003
|
81.076.000
€
|
33,99%
|
27.557.732
€
|
87.000
€
|
27.470.732
€
|
2004
|
77.474.000
€
|
33,99%
|
26.333.413
€
|
75.000
€
|
26.258.413
€
|
2005
|
79.488.000
€
|
33,99%
|
27.017.971
€
|
96.000
€
|
26.921.971
€
|
TOTAL
|
1.782.080.204 €
|
|
708.650.691 €
|
1.967.235 €
|
706.683.455 €
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Sources : comptes annuels (2001 à 2005) et
« Top 5000 » de Trends (1986 à 2000).
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